Histoire de la loge France La Clémente Amitié Cosmopolite No 410 à L’Orient de New York
Par le Très Respectable Frère Pierre F. de Ravel d’Esclapon, Passé Vénérable, France La Clémente Amitié Cosmopolite, Fellow et Passé Vénérable de L’American Lodge of Research.
Notre Loge reçut sa charte de la Grande Loge de New York (GLNY) le 4 juin 1857 sous le nom « La Clémente Amitié Cosmopolite » avec le numéro 410, numéro qui ne reflète que l’ordre chronologique de formation des Loges.
Les fondateurs de la Loge étaient des personnes qui avaient émigré aux Etats Unis de nombreux pays : France, Belgique, Suisse, Prusse, Pologne, Italie et Espagne. Plusieurs membres de cette Loge, Eugène Vatet, le premier vénérable et William Dibblée, le premier second surveillant, s’étaient installés à New York depuis longtemps : Vatet avait été initié à l’Athénée des Etrangers à Paris en 1833 et s’était affilié à une des Loges françaises de New York en 1845. Dibblée, originaire de Suisse, avait été initié à New York en 1846. Pour de multiples raisons, une dizaine de frères voulurent apporter à New York une conception de la franc-maçonnerie plus proche de celle qu’ils avaient connu en France ou ailleurs en Europe. Parmi le cercle de leurs connaissances se trouvaient deux courtiers en douanes Edouard Gaudelet, un Parisien, et Joseph Perpignan un Grenoblois, qui avaient été initiés dans une Loge parisienne célèbre, La Clémente Amitié, fondée en 1805 et pouvant s’enorgueillir d’avoir compté parmi ses membres Emile Litté, Victor Schoelcher (initiateur du décret abolissant l’esclavage en 1848), Jules Ferry et Meyerbeer.
Le 20 avril 1856, dix Frères se réunirent pour former une association visant à la fondation d’une nouvelle Loge. Lors de la première séance préparatoire, le 20 avril 1856, présidée par Eugène Vatet, fut lue une planche construite par le Respectable Frère Leblanc de Marconnay, commandeur de la Clémente Amitié à Paris. Les idéaux devant servir de fondation à la nouvelle Loge sont toujours les valeurs fondamentales de notre atelier :
« Les soussignés, animé du désir de fonder à l’Orient de New York un Atelier Régulier, propre à donner une nouvelle impulsion à l’Ordre maçonnique en Amérique, ont posé les bases de cette Association de la manière suivante. Il sera créé à l’Orient de New York une loge française contenant tous les éléments propres à donner une haute idée à l’étranger du travail de cette maçonnerie.
Elle sera composée d’hommes de cœur, de réputation et de capacité, voués activement à cette belle œuvre et résolus de la conduire à bonne fin. Ils devront employer leurs efforts pour amener dans la Loge des personnes d’influence, de respectabilité et de moyens, disposer à faire considérer la nationalité française à l’étranger et à la faire honorer dans tous les pays du monde.
Cette Loge tiendra ses Constitutions de la Grande Loge Régulière de New York, reconnue par le Grand Orient de France.
Une fois la Loge installée, elle se mettra en correspondance avec les principaux Ateliers du globe, facilitant ainsi des communications fructueuses et honorables pour les voyageurs et les relations sociales ».
Les fondateurs décidèrent que la nouvelle loge travaillerait en quatre langues : français, anglais, allemand et espagnol et ainsi prendrait le nom de Clémente Amitié Cosmopolite.
L’association compta 16 souscripteurs qui réunirent les fonds nécessaires ($205) à la mise en place d’un nouvel atelier et fixèrent la cotisation annuelle à $9 soit une cotisation sensiblement égale à 18 jours de travail pour un ouvrier qui, en 1856 à New York, gagnait $0,07/heure ou à une semaine de travail pour un tailleur. Clairement, les fondateurs de la Loge n’étaient pas dénués de moyens. Parmi eux, il y avait trois coiffeurs ou perruquiers, dont E. Vatet, Dibblée et Duprat, un tapissier, plusieurs négociants, des courtiers en douanes, un professeur de français, un marchand de vins, un dentiste, un fabricant de fleurs artificielles, et trois joailliers
La demande de dispense, datée du 7 mai 1856, fut appuyée par Adelphi Lodge No. 348 le 10 mai 1856 (cf. Document). La dispense fut accordée le 12 mai 1856.
Les jours des tenues régulières furent fixés au 1er et 3ième mercredi de chaque mois. Aujourd’hui nous nous réunissons le 4ème mardi du mois de septembre à juin. La première tenue de la Loge fut ainsi proposée pour le 18 juin 1856 avec lancement d’invitations en anglais aux Loges de New York. Une proposition pour la location d’un local pour les tenues sis au coin de Crosby et de Browne St pour un loyer de $100/an fut approuvée. Aujourd’hui, comme les autres Loges de Manhattan, nous nous réunissons dans l’immeuble de la Grande Loge de New York sis au 73 W 23 St. Cet immeuble offre des visites guidées au public et abrite la grande bibliothèque maçonnique, Chancellor Livingston Masonic Library of the Grand Lodge of New York (« Livingstone Library »), également ouverte au public.
La Loge fut capable de recruter de nouveaux membres : de seize souscripteurs, le nombre passa à 28 comme il appert de la déclaration qui fut faite à la Grande Loge de New York pour l’année 1856-1857. Outre les membres d’origine, devinrent membres 7 Français (importateurs, artistes, ingénieur civil, boutiquier, steward), un importateur Belge, trois Italiens (deux artistes et un coiffeur) et un professeur Anglais.
A l’occasion du 150ème anniversaire de notre Loge, La Clémente Amitié de Paris fit don à la Livingston Library de la médaille commémorant leur bicentenaire et un exemplaire de leur Rituel de Loge de Table datant de 1805 qui comprend 23 santés dont une à l’empereur Napoléon.
Entre 1857 et 1901, la Loge demeura d’une taille relativement modeste (moins de 50 Maîtres Maçons) connut une grande croissance entre 1901 et 1928, année où elle comptait 198 Maîtres Maçons. La Grande Dépression et la Seconde Guerre mondiale entraînèrent une forte diminution de nos rangs avec un regain de croissance à partir des années 2000.
Aujourd’hui, les Frères de notre atelier, comme les fondateurs de la Loge, sont des « d’hommes de cœur, de réputation et de capacité » d’origines et de professions variées, unis par le désir de promouvoir les idéaux de la franc-maçonnerie.